SOPHIA LAISSA TOMBER le morceau de tissu et courut au pied de l’escalier.

- Shadrack, viens voir ! Hurla-t-elle. Il s’est passé quelque chose !
- J’arrive, répondit-il d’en haut. Voyons ce que tu as trouvé.

Elle retourna à son plan de travail en toute hâte pour s’assurer que l’image était toujours là. C’était bien le cas. Les fines lignes colorées sur la carte semblaient avoir été tracées à l’encre. À droite, la légende comportait deux montres bleu pâle : la première numérotée de un à vingt-huit, l’autre avec les vingt-quatre heures standards. Un réseau compliqué de marron et de vert emplissait le centre du tissu, reproduisant la forme familière de la ville de Boston. Les frontières, en doré, répétaient un motif incompréhensible de volutes et de symboles mystérieux.

- Comment l’as-tu réveillée ? Demanda Shadrack en s’asseyant à côté d’elle

Il avait apporté un verre d’eau, qu’il posa un peu plus loin.

- Je n’en suis pas sûre. Je crois que j’ai soupiré.

Il sourit et se frotta le menton.

- D’accord, c’est plutôt encourageant. On découvre souvent les choses par accident. La carte en tissu est sensible à l’air. Une brise, un coup de vent, un souffle... tout fonctionne aussi bien. Parce que ce sont des cartes météorologiques. Tu peux dessiner tout ce que tu veux dessus, mais ce qu’elles indiqueront le plus clairement, ce sont les schémas climatiques. Celle-ci montre le temps qu’il faisait à Boston en février 1831.
- Mais on dirait juste une carte normale. Ces lignes représentent la météo ?
- Tu ne peux pas la lire parce que tu n’as pas encore spécifié de jour et d’heure, pour le moment.

Il désigna les cadrans de la légende. Les montres ne comportaient pas d’aiguilles.

- Ce sont les heures et les jours ? Demanda Sophia.
- C’est ça. Choisis ceux que tu veux. Comment ?
- Eh bien, la méthode la plus simple est de te servir de tes mains. Mais tu peux utiliser toutes sortes d’objets.